Interview de Salim Hatubou

9 novembre 2010

Salim Hatubou, invité au 8ème Salon du livre de Chaumont, D’île en île a répondu à son tour aux questions des p’tits baluchons :

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Vous écrivez pour les enfants, adolescents et adultes. Combien de textes avez-vous publiés à ce jour ?

J’ai publié environ une trentaine de titres, du roman au conte en passant par la poésie.

Adaptez-vous votre écriture à vos publics ?

Oui, bien sûr. Un roman jeunesse ne s’écrit pas de la même manière que s’il était destiné à un public adulte.

Comment êtes-vous devenu auteur ?

En écoutant ma mère qui me lisait beaucoup d’histoire. Grandie à Zanzibar, elle est rentrée aux Comores avec des malles de livres. Elle nous nourrissait avec les mots comme on donne le sein à son enfant. Parallèlement, ma grand-mère maternelle, qui était conteuse, me berçait en racontant des contes et légendes. Je suis fait d’écriture et d’oralité. Ces deux femmes m’ont donc donné le goût de devenir auteur, l’amour de transmetteur d’histoires.

Pourquoi êtes-vous devenu auteur ?

Enfant, je lisais beaucoup et je ne trouvais pas de fiction qui parlait des Comores. J’ai voulu, à travers les mots, partager la richesse culturelle de mon pays. Ma mère répétait que le livre est une fenêtre vers le monde. J’ai voulu poser une fenêtre sur mon archipel.

Quelles sont vos principales influences ?

De par mes origines, je dirais que ma principale influence est la littérature orale comorienne. Il s’agit d’une littérature d’une très grande poésie avec des textes clamés, une parole belle à l’oreille et d’une extraordinaire musicalité. Je puise, en effet, dans cette oralité-là pour la plupart de mes écrits.

Que vous apportent les rencontres avec votre public ?

Ma grand-mère maternelle me répétait souvent : «si j’ai une chèvre et toi une chèvre, nous avons deux chèvres. Et si tu as un conte et moi un conte, nous avons trois histoires ! ». Elle expliquait que la troisième histoire est celle de la rencontre. Les rencontres enrichissent, écouter l’autre et apprendre de lui, c’est important. On dit souvent qu’écrire est un acte solitaire. Lire aussi est un acte solitaire. Et la rencontre entre l’auteur et ses lecteurs casse ces deux solitudes intérieures. Et puis, en rencontrant ses lecteurs, on apprend toujours des choses qu’on est censé avoir pensées en écrivant…

Quel est votre préféré parmi tous vos livres ?

Comment peut-on choisir entre ses enfants ? Je dirais toutefois que je suis resté très attaché à «Comores-Zanzibar » (Ed. Françoise Truffaut, avec des photographies de Jean-Pierre Vallorani), un livre hommage pour ma mère. Ma mère est décédée brutalement alors que j’avais trois ans. Elle, qui était attachée à la lecture, à la culture de façon générale, je voulais lui donner une sorte de sépulture littéraire.

Quels sont vos projets ?

Ils sont multiples. J’ai un projet social qui consiste à mettre en place des «Maisons des Enfants » aux Comores, des lieux culturels et d’échanges exclusivement pour les enfants, avec des bibliobus qui donneraient accès à la lecture et la culture aux enfants qui vivent dans des zones rurales. C’est une continuité des actions de ma mère. Pour les projets littéraires, je suis en train de terminer le premier volet d’une trilogie fantastique. Mais j’ai d’autres projets comme ce recueil de petites histoires, intitulé «L’avion de maman a craché » à la Mémoire des victimes de l’avion qui s’est crashé aux larges des Comores le 29 juin 2009 et dans lequel j’avais des amis. Ce sera un livre jeunesse.

Qu’évoque pour vous le thème des îles ?

Mon enfance. Oui, mon enfance tout simplement.

Quel est votre auteur coup de cœur parmi les invités de ce 8ème Salon du livre, D’île en île ?

Alex Godard, j’aime beaucoup ses albums. Ce qui est extraordinaire pour des salons comme celui-ci est les rencontres entre auteurs et les amitiés qui s’y tissent.

Quelle est pour vous l’animation à ne pas manquer lors de ce salon ?

Toutes les tables rondes. Les thèmes sont très enrichissants. Les séances de dédicaces aussi, pas juste pour faire dédicacer un livre mais pour prendre le temps de discuter avec les auteurs.

Retrouvez Salim Hatubou le samedi 13 novembre à 9h30 pour une table ronde intitulée « D’île en île : repères géographiques et valeurs symboliques », avec johary Ravaloson, Louis-Philippe Dalembert, Denis Pourawa et Eric Auphan, animée par Bruno Doucey.

Salim Hatubou participera aussi dimanche 14 novembre à 10h45 à « Ecrire l’océan indien », table ronde avec Ananda Devi et Johary Ravaloson, animée par Bernard Magnier.

Il dédicacera également ses ouvrages jeudi 11 novembre après-midi et samedi 13 novembre, dans l’espace librairie sous le chapiteau, parking des silos, 7-9 avenue Foch à Chaumont.

copyright photo : Zenou-Rakiat Hatubou



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